Thème :« La nécessité et les implications du Pardon divin. »
Passage de Base : Matthieu 6 :12, 14
Choisir de pardonner
Lesley Bilinda est un agent de santé communautaire qui a passé plusieurs années à travailler pour Tearfund au Rwanda. Elle visitait le Kenya lorsque le génocide de 1994 a commencé mais Charles, son mari rwandais qui enseignait l’anglais en cycle secondaire, a été tué. Dix ans plus tard, Lesley est retournée au Rwanda pour essayer de découvrir la vérité sur ce qui était arrivé à son mari. Elle souffrait du « complexe du survivant » et souhaitait avoir pu être avec sa famille et ses amis au moment des troubles. Elle affrontait aussi une lutte intérieure constante entre la colère envers ce qui était arrivé et le défi de Dieu de pardonner. « J’ai longtemps et profondément réfléchi à pardonner aux personnes qui l’avait assassiné. Était-il possible de pardonner sans savoir qui sont ces personnes ? Je ressentais profondément que je devais pardonner, pour moi-même avant tout. Au fond de moi, j’étais furieuse et amère sur ce qui s’était passé et je savais qu’avec le temps, si je ne faisais rien, cela me détruirait. Pour moi, le pardon personnel ne signifie pas qu’une personne ne soit pas confrontée à la justice pour être punie de ses crimes. Il faut que justice soit faite. Mais au niveau individuel, le pardon permet aux deux partis d’aller de l’avant. » Elle n’a pas pu savoir avec certitude comment son mari était mort. Cependant, elle a découvert l’un des responsables de la mort d’Anatolie, une très bonne amie. Il a admis son crime et Lesley lui a pardonné. Cela n’a pas été une décision facile comme Lesley l’a déclaré : « Parfois, je ne ressens pas l’envie de pardonner mais c’est un choix que j’ai fait et que je continue de faire. Cela ne veut pas dire que j’ai oublié. Cela serait facile d’entretenir l’amertume. J’ai choisi de ne pas le faire mais de pardonner, encore et encore. Aussi longtemps que cela sera nécessaire et que Dieu m’en donnera le courage. »
Lesley Bilinda raconte son histoire dans son livre With What Remains (Hodder and Stoughton, 2006 Site internet : http://www.familyimpact.org.za
- I. Le Pardon : Essaie de Définition
Dans l’Ancien Testament les textes qui parlent du pardon utilisent principalement 3 mots :
– kipper, (Esa 6:7), qui évoque l’expiation ;
– nasa’ littéralement lever, élever, porter (Lé 5:1,17; 17:16; 20:19; 24:15 ; Ez 23:35 ; Ex 34:7 ; Lé 19:17 ; Esa 53:4,12)
– salaH littéralement remettre une dette, une faute (1R 8:30,39 ; Esa 55:7) ou ne pas la remettre (2R 24:4).
Dans le Nouveau Testament, on a les mots :
– aphiêmi de la racine aphesis détacher, envoyer au loin, donc remettre dettes ou péchés, d’où l’idée de rémission et de pardon (Mt 6:12,14,15; 9:2; 12:31,32) ;
– hilaskomai = expier, pardonner (Lu 18:13 ; Hé 8:12 citant Jér 31:34). D’autres mots comme
– apoluô littéralement relâcher, absoudre (Lu 6:37)
– kaluptô littéralement couvrir, parfois utilisé à propos des péchés (Ro 4:7 citant Ps 32:1 ; Ja 5:20 citant Pr 10:12 ; 1P 4:8 citant également Pr 10:12).
- II. La nécessité du Pardon et de Pardonner
Nous devons demander pardon à Dieu et pardonner notre prochain pour plusieurs raisons :
– Le péché, pèse sur la conscience de l’homme depuis la chute dans le jardin d’Eden. Caïn dit que le poids de sa faute est trop grand pour être supporté (Ge 4:13).
– Le péché apparaît aussi comme une offense à Dieu, à son amour, à sa sainteté, à sa justice (Ro 5:16,17) ; il est représenté encore comme une dette immense dont l’homme ne pourra jamais s’acquitter (Mt 18:24). Dans le contexte traditionnel le péché devient un fardeau quand il est découvert. Il n’était pas perçu comme une offense à Dieu. Nous devons donc prendre conscience que le péché attriste Dieu. Pécheurs, nous sommes pleinement responsables et coupables devant le Seigneur.
– L’homme pardonné par le sang de Christ (1Jn 1:7-9) retrouve aussitôt la communion avec Dieu et avec les frères. Il marche dans la lumière et l’obéissance aux commandements de Dieu (1Jn 2:6). Il est un homme heureux et dit sa joie (Ps 32:1-2), car il perçoit la dimension du pardon. Dieu lui dit qu’il met ses péchés à une distance comparable à celle qui sépare l’orient de l’occident (Ps 103:12), les jette derrière son dos (Esa 38:17), il les a effacés et ne s’en souvient plus (Esa 43:25 ; #Jér 31:34).
– L’homme pardonné peut et doit l’accorder aussi aux autres. Ainsi, dans le Notre Père, nous fait-il exprimer le rapport entre le pardon reçu de Dieu et celui que nous donnons à ceux qui nous ont offensés (Mt 6:12; 14$-15$).
- III. Comment obtenir le Pardon divin.
Nous avons besoin de pardon et nous devons le demander (Ps 25:18). Allons à la source. Dieu seul peut pardonner nos péchés. Ce pardon repose uniquement sur la grâce de Dieu. Tes péchés te sont pardonnés (Mt 9:2-3).
Dans l’Ancien Testament, le principe de l’expiation repose sur le sang (Lé 17:11). sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon (Hé 9:22 ; Jn 1:29 ; Hé 10:4 ; 2Co 5:18-19). Dieu a fait par amour pour l’homme, ce que l’homme était incapable de faire. La source du pardon est dans sa grâce, sa miséricorde. (Né 9:17, Ex 34:6).
Dans Matthieu 18:24-33, aux 10 000 talents (27 ans de service au minimum) qui représentent la dette qui nous a été remise, Jésus oppose les 100 deniers figurant la dette des autres envers nous. Le principe a appliqué est celui de la relation entre l’amour et le pardon (Lu 7:47-48). Ainsi l’apôtre Paul nous exhorte à nous pardonner mutuellement à cause de la bonté que nous devons nous témoigner les uns les autres (Ep 4:32). Cf Matthieu 18 :15-35 comment pardonner son frère. Exples de Jesus : Luc 23 :34 ; Etienne dans Actes 7 :60.
Conclusion
Pardonnez aux autres n’est pas une option pour les chrétiens, c’est un commandement. Dans Matthieu 6:12, Jésus nous apprend à prier « Pardonne-nous nos offenses comme nous aussi pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Il a bien précisé que l’offre de pardon de Dieu est inséparable de notre volonté de pardonner aux autres. Le Pardon est une puissance qui libère.
Sans pardon, il n’y a pas de véritable paix. Comme nous péchons tous et que nous nous blessons mutuellement, nous devons autant demander pardon que pardonner. S’excuser et demander pardon aux gens que nous avons blessés est parfois même plus dur que pardonner ceux qui nous ont offensés. Mais si avec l’aide de Dieu, nous décidons de faire du pardon notre manière de vivre, alors cette voie nous mènera vers la paix : la paix avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu. Cette paix est une grande et merveilleuse bénédiction dont Dieu désire tous nous voir jouir.